L’oeil sec

L’OEIL SEC par Dr. Jules Plante OD., M.Sc., FAAO, optométriste

Bergevin & Plante Optométristes

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Jules Plante

Dr. Jules Plante OD

Qu’est-ce que la sécheresse oculaire ?

Il s’agit d’une condition généralement chronique dans laquelle la surface oculaire souffre d’irritation causée soit par un déficit de la production de larmes (volume de larmes déficient) soit par l’évaporation du film lacrymal suite à une diminution de la qualité des larmes (dysfonction des glandes de Meibomius, blépharite). Elle toucherait jusqu’à 35 % de la population.

L’irritation chronique de la surface oculaire cause éventuellement un état inflammatoire responsable de différents symptômes : yeux qui brûlent ou qui piquent, yeux rouges ou larmoyants, douleur oculaire d’intensité variable localisée sous les paupières supérieures irradiant même à l’occasion vers l’arrière de l’oeil, embrouillement ou voile variable de la vision qui peut s’atténuer avec le clignement. Ces symptômes sont souvent plus marqués au réveil ou en fin de journée.

Lorsqu’ils sont sévères, ces symptômes peuvent nuire grandement à la qualité de vie. Dans les cas extrêmes, la vision peut même être sérieusement menacée.

Pourquoi ai-je les yeux secs ?

Il peut y avoir plusieurs raisons : l’âge, les changements hormonaux, certaines maladies (entre autres l’arthrite rhumatoïde, le diabète et la rosacée) ou certains médicaments (antidépresseurs, antihistaminiques, contraceptifs, diurétiques, rétinoïdes) sont des facteurs à considérer. Certaines conditions oculaires peuvent empirer la situation: allergies oculaires, blépharite, chirurgie oculaire (lasik, cataracte). L’environnement y est aussi pour beaucoup: il faut essayer de contrôler la ventilation, diminuer la climatisation, éviter les milieux secs ou poussièreux, la fumée, etc. Enfin, les tâches visuelles nécessitant la concentration, telles que la lecture, la conduite automobile, la télévision et, particulièrement, le travail à l’ordinateur, inhibent le clignement.

Le rôle du clignement

De façon réflexe, on devrait cligner en moyenne 10 à 12 fois par minute, ce qui représente plus de 10 000 clignements par jour. De façon idéale, chacun de ces clignements devrait être complet, c’est-à-dire que la paupière du haut devrait balayer complètement la surface de l’oeil pour terminer sa course au contact de la paupière du bas. Ainsi, le clignement permettra de rétablir une bonne couche de larmes. Ce film de larmes devra tenir au moins 10 secondes avant de commencer à s’évaporer sinon la sécheresse oculaire se développera. En faisant des clignements complets et fréquents, on ne devrait donc pas, en principe, souffrir de sécheresse oculaire.

Malheureusement, tout n’est pas si simple. On comprend maintenant que des clignements incomplets et/ou trop rares ne stimulent pas suffisamment les glandes de Meibomius. Ces glandes, au nombre d’environ 50 par oeil, sont logées dans les paupières et produisent une sécrétion huileuse qui se mêlera aux larmes pour en retarder l’évaporation. Si ces glandes ne sont pas suffisamment stimulées par des clignements complets, elles retiennent leur huile qui s’épaissira lentement pour finalement s’obstruer et, ultimement, s’atrophier. La perte des glandes meibomiennes est malheureusement irrécupérable et causera un état de sécheresse oculaire permanent et potentiellement sévère.

C’est ce qu’on appelle la sécheresse évaporative, parce que les larmes, même si elles sont abondantes, s’évaporent des suites d’un dysfonctionnement des glandes de Meibomius associé aux clignements incomplets et/ou pas assez fréquents. Une étude a démontré qu’environ 50 % des patients affectés de sécheresse oculaire ont la forme purement évaporative alors que 15% ont la forme purement hyposécrétoire (ils ne produisent pas assez de larmes). 35% des patients ont donc une forme mixte.

L’évaluation de la sécheresse oculaire

Heureusement, nous disposons aujourd’hui de plusieurs outils pour bien diagnostiquer le type de sécheresse oculaire de chaque patient, de façon à pouvoir offrir un traitement optimisé selon le résultat de l’évaluation. Une évaluation complète devrait comprendre un questionnaire détaillé, un examen au microscope du segment antérieur de l’oeil à la recherche de signes cliniques (blépharite, etc.) incluant l’utilisation de colorants (analyse de la surface oculaire), une mesure du temps d’évaporation des larmes, une mesure de la teneur en sel des larmes ou la présence de cellules inflammatoires dans les larmes à l’aide de marqueur spéciaux, une mesure du volume de larmes et enfin un examen des glandes de Meibomius, soit par pression digitale et/ou transillumination.

OEILSEC.CA

Il s’agit d’une compagnie québécoise qui a développé une approche très avancée dans l’évaluation et le traitement de la sécheresse oculaire. Cette compagnie a accrédité, en date de juillet 2015, treize cliniques, dont la nôtre. Ces cliniques intègrent dans leur protocole d’évaluation tous les examens décrits précédemment ainsi que ’évaluation avec la technologie Lipiview, qui permet de mesurer l’épaisseur de la couche huileuse des larmes ainsi que la fréquence et la qualité du clignement. Enfin, avec l’évaluateur MGE, un outil qui permet de reproduire la force exercée par un clignement, nous sommes capables de voir si les glandes peuvent évacuer leur huile sous l’impact d’un clignement complet.

Le traitement de la sécheresse oculaire

Il y a ici 2 aspects: apporter d’abord un soulagement à court terme et prévenir ensuite que la condition elle-même ne se détériore avec le temps.

On cherchera, dans la mesure du possible, à contrôler l’humidité ambiante et diminuer la ventilation. Les conditions associées à la sécheresse oculaire doivent être traitées (blépharite, rosacée).

Les gouttes hydratantes font toujours partie du tableau. On retrouve sur le marché des gouttes de différentes viscosités, les plus visqueuses (gel) offrant un temps de résidence plus long sur la surface oculaire. Elles peuvent cependant embrouiller la vision pour quelques minutes après l’instillation. Certaines gouttes sont hypotoniques, ce qui apporte un confort rapide étant donné que l’oeil sec présente généralement un film lacrymal hypertonique. Finalement, certains produits sont non-préservés, ce qui constitue un avantage lorsque l’usage est fréquent. En effet, les agents de conservation utilisés dans les produits préservés peuvent devenir irritants à long terme, les yeux secs étant généralement plus sensibles. On retrouve aujourd’hui des produits sans agent de conservation en format multidose, plus pratique et moins coûteux que le format unidose.

Les gouttes Restasis (Cyclosporine A) ont une action anti-inflammatoire à long terme qui permet de stabiliser, dans une certaine mesure, la surface oculaire. Les résultats prennent typiquement plusieurs mois à se faire sentir. Pour pallier à cette contrainte, des gouttes anti-inflammatoires à base de cortisone peuvent être prescrites pour un usage à court terme. L’action est beaucoup plus rapide que le Restasis mais son usage est habituellement limité dans le temps pour éviter certaines complications à long terme.

Le traitement Lipiflow, offert dans les cliniques accréditées par OEILSEC.CA, vise à débloquer les glandes de Meibomius, source la plus fréquente de sécheresse oculaire. Il s’agit d’un traitement indolore qui durent 12 minutes et dont l’effet est durable (au minimum quelques années). Le traitement est particulièrement efficace chez les patients dont les glandes sont obstruées mais qui présentent peu d’atrophie. Malheureusement, les patients présentant un degré élevé d’atrophie des glandes meibomiennes auront moins de soulagement. Il vaut donc mieux ne
pas trop attendre avant de considérer cette approche.

Comme beaucoup de patients présentant une dysfonction des glandes meibomiennes ont aussi un clignement incomplet, des exercices de clignements sont toujours recommandés après le traitement Lipiflow. Il faut comprendre ici que pour maintenir les glandes non-obstruées, le clignement complet est primordial. Il existe des microgiciels qui rappellent à l’utilisateur de prendre des pauses-clignements devant l’ordinateur: Time out (www.dejal.com) pour
le Mac et eyeleo (www.eyeleo.com) pour le PC nous donnent de bons résultats.

D’autres approches seront parfois considérées selon la particularité de la condition: les bouchons lacrymaux et les lentilles de contact semi-sclérales constituent des options moins utilisées mais quand même intéressantes chez
certains patients.

Saviez-vous que …

La cause la plus fréquente de larmoiement est, curieusement, la sécheresse oculaire ? Il s’agit d’un larmoiement réflexe stimulé par l’irritation chronique de l’oeil.

Les suppléments Omega 3 (1000 mg/jour au minimum) favorisent une meilleure fonction des glandes de Meibomius ?

La température atteinte par les glandes de Meibomius lors d’un traitement Lipiflow est de 42,5 degrés ?

L’application de compresses chaudes à chaque jour (5 minutes) peut stimuler, dans une certaine proportion, les glandes de Meibomius à mieux fonctionner ? Il existe aussi des masques chauffants
(Therapearl, MGDRx) plus pratiques que les compresses chaudes.

Il existe des approches permettant la rétention des larmes sur la surface oculaire. Les lunettes à chambre humide sont utiles pour les activités causant des symptômes (ordinateur, télévision).

L’irritation oculaire au réveil peut être prévenue par l’application de gel ou, mieux encore, d’onguent lubrifiant au coucher? Les masques de nuit constituent une autre option pour ceux
qui n’aiment pas l’application de gel ou d’onguent.

La sécheresse oculaire sévère affecte tellement la qualité de vie qu’elle peut être cause de dépression ?

Le traitement de la sécheresse oculaire est un combat de tous les jours, qui demande patience et persévérance ?

 

Boutique yeux secs. La référence en matière de sécheresse oculaire.